Orientation de carrière
Ce jour-là, à la lecture du poème composé à l’école, la plupart des mamans ont eu le regard attendri devant tant d’imagination et de rêve. Côté filles, ça donnait : si j’étais une étoile, si j’étais une fleur, si j’étais une danseuse… Dans la catégorie p’tits lulus de neuf ans, on changeait un peu de registre : si j’étais un superhéros, si j’étais un loup, si j’étais pilote automobile. En 2, 3 ou 4 versets. En version Darwin, vous avez eu droit à :
Si j’étais un proton
Je serais trop mignon
Et je tournerais en rond
Dans le collisionneur de hadrons
Simple, clair, concis. Bon, il a fallu admettre que vous n’aviez pas engendré le nouvel Arthur Rimbaud. Vous entrevoyez plutôt une version future de votre loustic, attifé d’une blouse blanche et les cheveux en pétard, devant un écran d’ordinateur illisible pour quiconque à part une poignée d’illuminés.
Trois ans plus tard…
Darwin a grandi, autre école, autre devoir : à partir d’une phrase donnée, inventez un dialogue en alternant discours direct et discours indirect. Et ça commence par « le jeune Pierre saisit la pelle d’un air décidé… »
Darwin rédige donc un édifiant dialogue d’une bonne quinzaine de répliques entre le jeune Pierre et sa mère, d’où il ressort que Pierre s’est coupé (oui, avec la pelle) et demande un pansement, que sa génitrice, après moult exclamations et recherches, ne trouve pas, mais, pragmatique, elle suggère d’aller en chercher chez le voisin.
Hum. A la réflexion, de tous nouveaux horizons sont en train de s’ouvrir : une page et demi pour poser un pansement sur un doigt coupé par un objet même pas tranchant, il a devant lui une belle carrière de politicien.